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Les plans d’assurance–incendie constituent jusqu’à maintenant une source négligée de l’histoire montréalaise. Destinés d’abord aux compagnies d’assurance afin d’évaluer les risques d’incendie, les plans ont peu suscité l’intérêt des historiens. Plusieurs exemplaires sont heureusement disponibles en ligne ; ils fournissent les principales caractéristiques physiques de chacune des maisons montréalaises pour certaines années à partir de la fin du XIXe siècle. Afin de couvrir l’ensemble du territoire, ces plans sont répartis en plusieurs volumes. Une carte-index mise en ligne par la BAnQ délimite le secteur couvert par chaque volume et servira de point de départ de la recherche.
Bien qu’on trouve également sur le site de la BAnQ d’autres plans de municipalités de l’île de Montréal, restons-en sur ceux de Montréal afin de saisir leur origine et leur portée. Au cours des premières années, la délimitation des principaux secteurs de la ville varie quelque peu. Il faudra donc se méfier. Cela dit, d’une année à l’autre, on retrouve toujours le même numéro de planche associé aux rues. Ainsi le quadrilatère formé par les rues Duluth, Saint-Dominique, Rachel et Henri-Julien se trouve toujours à la planche 265 du volume V, ce qui facilite grandement la consultation dans le temps.
Depuis la fin du XIXe siècle, ces plans présentés seulement en anglais, ont été régulièrement mis à jour afin de tenir compte de l’évolution du construit montréalais. Un des exemplaires du volume V numérisés fut publié initialement en 1892. Mais il comporte des inscriptions indiquant qu’il a d’abord été amendé jusqu’en février 1895, puis jusqu’en juin 1898, en avril 1900, en février 1903 et finalement en janvier 1907. Autrement dit ce volume de 1892 aurait servi de copie de travail amendée sur place au fur et à mesure, évitant une réédition annuelle. Un examen sommaire des copies conservées nous amène à penser que de nouvelles versions de certains volumes auraient été imprimées en 1892, en 1909, en 1911, 1913, 1915, 1918, 1926, 1930, 1935, etc. Nous disons bien «certains volumes» car lors de leur dépouillement on a constaté que, par exemple, l’exemplaire numérisé du volume III de 1926 est composé à partir de l’édition de 1915 mise à jour jusqu’en août 1926 alors que l’exemplaire du volume II de 1940 est tiré cette fois d’une nouvelle édition de 1926, à jour jusqu’en janvier 1940. Autrement dit, on aurait produit une nouvelle édition du volume II en 1926 mais pas du volume III. On ne saurait trop conseiller de porter attention à ces précisions chronologiques. La preuve en est que parfois même les responsables de leur description bibliographique ont mal daté un volume tel qu’en fait foi, par exemple, le volume VI attribué à l'année 1924 alors qu'il a été mis à jour jusqu’en 1929, comme le montre d'ailleurs l'image précédente.
Illustrons plus en détail nos propos à partir d’un extrait de la planche 364 du volume VI. Celle-ci est constituée à partir d’une édition de juin 1911, révisée supposément jusqu’en août 1924 (la flèche noire). Mais comme on le remarque, des ajouts portant des dates ultérieures apparaissent clairement. Cela nous amène à signaler l’utilité des plans d’incendie pour identifier les anciennes adresses. En effet, comme on peut le voir pour le volume VI qu’il faut dater de 1929, ces plans s’avèrent fort commodes pour connaître les numéros civiques en vigueur avant et après la grande uniformisation des adresses réalisée par la ville de Montréal durant les années 1924-1930. L’ennui cependant est qu’une partie seulement des plans conservés présentent ces doubles adresses. Outre le volume VI révisé de 1929, il y a aussi le volume IV de 1926 et le volume III de 1926. Selon les rythmes d’implantation des nouvelles adresses et d’évolution des travaux de construction, on pourra aussi trouver certaines adresses dans d’autres volumes. Quelques caractéristiques des maisons à souligner
Sans fournir trop de détails architecturaux et techniques, mentionnons maintenant, à tout le moins pour le tournant du XXe siècle, quelques informations pouvant être tirées de ces plans en parcourant les principaux éléments des légendes de l’époque.
À l’inverse des atlas historiques, les plans d’incendie indiquent le nombre d’étages de chaque bâtiment, la présence de porte cochère, s’il y a lieu, de même que le type de toit. Par exemple, les toits plats goudronnés et enduits de pierrailles affichent un P. Ceux en ardoise présentent un O. Les toits en mansarde sont représentés par un symbole distinct ( Et on va même plus loin en représentant aussi la structure du bâtiment. En effet, si la couleur jaune indique, comme sur les atlas, une construction de bois, le rouge symbolise ici une structure de brique porteuse, moins inflammable que la structure en brique de parement(brick veneered) qui affiche une bordure rouge sur fond jaune. Quant à la couleur bleue, elle indique la pierre alors que le gris représente les hangars si typiques à Montréal.
En incorporant plus de couleur, la légende s’enrichit progressivement de nombreux autres éléments. On élargit la notion de mur porteur en appliquant à la façade de pierre et de bloc de ciment la même distinction selon qu’ils servent de parement ou qu’ils soient porteurs. On fera même une distinction entre les murs mitoyens de brique et ceux composés de bloc de béton. D’ailleurs les revêtements de ciment seront distingués de ceux en pierre par des symboles particuliers. On indiquera aussi la présence de cave (BT ou BAST). La couleur orange qui, depuis 1913, désigne un bâtiment ininflammable, est intégrée dans la section principale des types de construction. Enfin, la fonction principale des bâtiments sera également mentionnée, le S désignant un commerce et son absence une résidence. Voilà pour l’essentiel.
Le dernier élément sur lequel nous voulons attirer l’attention est celui de maisons dont un des murs de côté donne sur une ruelle ou un lieu de passage. Dans pareille situation, on indiquera s’il s’agit d’un mur plein avec le sigle NONE (no opening in the wall; voir à titre d'exemple l'ellipse verte) ou d’un mur percé de fenêtres avec le sigle WDWS (many windows; voir l'ellipse marron). Quoique plusieurs autres symboles décrivent les différents types de porte et de fenêtre, restons-en là. Comme on le constate, on pourrait passer ainsi de nombreuses heures à découvrir des détails architecturaux sur les plans d’incendie et à deviner parfois, comme ce fut notre cas, la présence d’éléments spécifiques!
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