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L'EXEMPLE DE LA RUE SAINTE-ROSE, À MONTRÉAL Appliquons les acquis développés dans les sections précédentes du site, en prenant comme exemple une recherche sur les premiers occupants d’une rue du dernier quart du XIXe siècle. Cela nous permettra de démontrer que les annuaires peuvent servir à autre chose qu'à dater une maison: ils peuvent aussi nous renseigner sur les occupations des premiers occupants et nous laisser entrevoir leur origine sociale.
Mentionnons qu’on retrouve parmi les habitants, une veuve, un commis, un policier, un gardien, des cordonniers, des charpentiers, un commis, des marchands, des hommes d’entrepôt et des travailleurs journaliers. Incidemment, l’énumération des occupations des habitants de ces immeubles n’est pas fortuite ici. Elle nous renseigne sur le type d’emplois disponibles dans le quartier Centre-Sud, à une époque où les gens habitaient encore à proximité de leur lieu de travail, de même que sur le type de services que ceux-ci requéraient de retour à la maison. En parallèle, nous savons par ailleurs que le secteur regorge déjà d’entreprises diverses telles que la brasserie Molson, la Canadian Rubber -- une manufacture de caoutchouc spécialisée dans la fabrication de bottes et chaussures imperméables -- et aussi la Mc Donald Tobacco, plus à l’est, de même que des fabriques, tanneries et briqueteries étalées le long des voies de chemin de fer et des installations portuaires. Dès lors, par cette mention, nous désirons insister sur le fait qu’il est fort intéressant d’apprendre à lire la ville en tenant compte aussi de la question sociale.
Notons qu’il faudra attendre en 1890 pour voir apparaître de nouvelles maisons, plus grandes, situées cette fois à proximité du trottoir.
On verra notamment s’y installer une dame n’ayant pas déclaré son statut d’emploi (probablement une ménagère), un marchand, deux policiers, deux charpentiers, un conducteur, un maçon et un commis. Ainsi, les dernières maisons à apparaître sur cette rue ont été érigées entre 1890 et 1892. Bien que les seuls annuaires ne nous permettent pas de conclure sur la date de construction effective des maisons, notre analyse nous aura permis de constater que les maisons n’apparaissent pas nécessairement toutes en même temps sur une rue donnée. Elles sont construites à partir du moment où le propriétaire du terrain décide de le lotir et de le bâtir. Constatant que le secteur se construisait rapidement, monsieur Hoolahan a exercé une rétention foncière pendant une bonne dizaine d’années. Qu’avait-il en tête? Désirait-il spéculer encore un peu plus longtemps sur la valeur de son terrain? Nous n’en savons rien. Mais ce que nous savons, c’est que même si la rue Sainte-Rose ne s’étend que le long de trois îlots dans le quartier, elle s’est développée rapidement et s’est diversifiée au regard des gens qui l’ont occupée et qui y ont exercé leurs métiers dans les usines avoisinantes qui nécessitaient leur force de travail.
Malgré sa dimension réduite, la rue Sainte-Rose peut assurément dire qu’elle a joué naguère un rôle dans le paysage urbain du quartier Centre-Sud!
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