COMMENT LES MAISONS SE TIENNENT DEBOUT

La très grande majorité des maisons couvertes de briques à Montréal se présente comme cette façade d’un triplex montréalais. Le mode d’agencement des briques est en pannerresses c'est-à-dire qu'elles sont déposées horizontalement, la grande dimension parallèle au mur.

En fait, cet appareil implique nécessairement que le mur est construit à l'extérieur de la charpente de la maison. Les briques ici sont purement décoratives. Elles protègent des intempéries, mais elles ne supportent pas les solives des différents étages, ni le toit. Derrière ces briques, se cache un mur de madriers de plus de six centimètres d’épaisseur. Ce sont eux qui retiennent les solives et soutiennent le toit. Une maison dont on avait enlevé ces briques, rue Saint-Laurent présentait l’allure suivante.

Comme on le constate, les extrémités des solives des planchers -- les flèches noires en désignent quelques-unes-- apparaissent dans ce mur porteur. En effet, des orifices percés dans le carré de madriers permettent leur insertion. Afin de faire circuler l’air le long de la maison, les briques montées en panneresse ne sont pas appuyées sur les madriers, mais s'écartent d’environ un centimètre des madriers. Pour assurer la solidité du parement de briques, on utilise alors des feuillards de tôle (les flèches rouges en montrent quelques-uns); une extrémité du feuillard est clouée sur les madriers et l'autre est coulée dans le mortier des joints du mur. Voilà ce que cachent les murs de briques de nos maisons qui finalement se tiennent debout sans elles.

Mais ce n'est pas toujours le cas, car si l’appareillage des briques est, par exemple, de type commun ou à l’américaine, le mur révèle autre chose. Voyons d’abord comment se présente un tel mur. À toutes les six rangées, la brique n’est plus déposée en pannerresse mais plutôt en boutisse, c’est à-dire en présentant à l’extérieur sa surface la plus étroite. Pourquoi? Pour récupérer des demi-briques? Non. Les briques en boutisse sont entières puisqu’elles servent à réunir une première rangée de briques à une deuxième, et même souvent à une troisième rangée. Elles forment ainsi un mur massif fort différent du mur de parement. En fait, dès son moulage on façonne la brique de telle sorte que sa longueur doit correspondre à deux fois sa largeur plus l’équivalent de l’épaisseur d’un joint. Ce faisant, elles peuvent être assemblées autant en pannerresse qu’en boutisse et former un mur plein parfaitement rectiligne.

Contrairement au mur monté en simple panneresse, le mur massif commun est capable de supporter de lourdes charges et a une fonction bien différente puisqu’il est, la plupart du temps porteur, c’est-à-dire que les rangées de briques, généralement deux ou trois, servent d’appui aux solives et au toit. En effet, derrière la première rangée de briques, les solives et les structures de la maison viennent s'y appuyer.

Plus répandu au XIXe siècle, le mur massif se rencontre au XXe siècle surtout dans des bâtiments plus grands, comme des écoles, des usines, des immeubles à appartements et des salles de cinéma.

Il existe à Montréal différents types de murs massifs qui se distinguent selon le mode d'agencement des briques. Outre l'appareil commun, on retrouve le type anglais, le flamand et le composé. Il y en d'autres, mais arrêtons ici l'énumération.

Lors de vos marches, portez attention aux murs de brique, ils sont plus variés que l'on pense. Ils révèlent en outre deux manières bien différentes de faire tenir debout nos maisons!