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DE LA RUE SAINTE-ROSE À plusieurs occasions dans ce site, il est question de la rue Sainte-Rose et d’une série de cinq bâtiments dont l’un présentait des empreintes de chat. Nous voulons revenir sur cet ensemble immobilier afin d’aborder cette fois la fabrication des briques qui ornent leur devanture. S’il ne paraît pas nécessaire de localiser avec précision cette série de maisons du Centre-Sud de Montréal, il convient de rappeler leur date d’arrivée et d’illustrer leur façade.
Comportant trois étages auxquels les locataires ont accès par un escalier intérieur, les maisons sont directement alignées le long du trottoir. Érigées en « carré de bois » constitués de madriers empilés pièce sur pièce, les immeubles ne disposent pas de cave . Tout au plus, des soupiraux apparaissant au niveau de la rue laissent deviner ce que l’on appelle un « espace de rampage » donnant accès aux fondations et à la tuyauterie par une ouverture aménagée vraisemblablement dans le plancher du rez-de-chaussée et qui permet de maintenir une couche d’air pour l’isoler contre le froid hivernal (ellipses jaunes).
Observons bien maintenant la façade du 1337-1339 qui nous apparaît avoir été conservée quasi intacte au fil des ans, à l’inverse d’une autre maison à l'extrême gauche de la série, le 1329-1331, qui a été complètement rénovée.
Les briques de façade, non porteuses, sont disposées en panneresse, c’est-à-dire qu’elles sont placées de manière à laisser voir leur plus grande dimension parallèle au mur. Fabriquées généralement en 3 étapes dans des briqueteries locales, les briques étaient faites à partir d’argile bleue qui adhère fortement. Cette argile était extraite de carrières avoisinantes. Broyée pour obtenir la granulométrie souhaitée puis humidifiée, l’argile était façonnée dans des presses. Par la suite, les briques étaient séchées à l’air avant d'être cuites afin d’éviter les accidents de cuisson par accumulation de vapeur dans les fours. C’est cette dernière opération qui lui donnait naturellement sa couleur rouge.
Toutefois, vers la fin du XIXe siècle, l'expansion rapide des villes a favorisé le développement de nouvelles techniques pour augmenter la production. À preuve, en 1871, deux briqueteurs de Montréal, Henry Bulmer et Charles Sheppard, font breveter une presse à brique automatique, la «machine à briques canadienne », « qui fonctionne à la vapeur ou à l'eau voire peut-être même actionnée par des chevaux » et qui a connu un vif succès en raison de l’économie de temps et de main-d’œuvre qu’elle a généré. L’argile était présente en abondance dans le sol montréalais pour alimenter les presses. En effet, une grande carrière sise au nord-est du quartier Sainte-Marie, dans le village De Lorimier (qui sera annexé à Montréal en 1909), était exploitée. Elle s’étendait entre les rues Hochelaga, Parthenais, Rachel et d’Iberville, comme en fait foi la carte présentée ici2 . Son exploitation, qui dura jusqu’au début du XXe siècle, a fini par entraîner la formation d’un profond ravin.
Si bien des auteurs ont reconnu le rôle des carrières de pierre dans la formation du construit montréalais, force est d’admettre qu’on a peut-être négligé de souligner l’existence des carrières d’argile, comme celle de De Lorimier.
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